Corriger des copies numériques avec des rétroactions orales

par | Oct 12, 2024

S’il est une chose frustrante, c’est bien le peu de temps que consacrent les élèves aux remarques et aux corrections apportées par l’enseignant. Le temps passé à lire, évaluer et corriger la copie est très largement inversement proportionnel au temps passé à prendre en compte ces remarques une fois la note connue… D’où, la nécessaire réflexion sur ce que peut apporter un outil numérique afin de faire de ces moments de réception des copies des éléments formateurs qui participent aux apprentissages et à leurs régulations individuelles.

Comme rappelé dans l’article « Corriger à la voix ? Expérience de corrections à la voix et réflexions pour une activité de relecture active de la copie par l’élève », l’utilisation d’un commentaire audio pour corriger une copie a une certaine forme d’efficacité car :

  • ils sont perçus comme plus efficaces qu’un commentaire écrit dans la nuance du propos ;
  • ils sont associés à un sentiment plus grand d’implication dans les interactions pédagogiques ;
  • ils sont associés à une plus grande rétention du contenu du message ;
  • ils sont associés à l’idée que le correcteur se soucie davantage de l’élève.

En effet, l’analyse des documents a révélé que les élèves étaient trois fois plus susceptibles de mettre en œuvre des conseils pour lesquels des commentaires audio étaient fournis que ce n’était le cas pour un contenu seulement textuel. La voix apparaît donc comme un levier efficace pour impliquer les élèves dans un travail formatif de retour sur leurs productions.

En tant qu’enseignant de lettres en lycée, voici ce que je pratique en termes d’évaluation orale de copies afin d’apporter des rétroactions plus détaillées et, surtout, écoutées par les élèves.

  • Les copies manuscrites (cas général)
  • Les « copies numériques » (tous formats de production)
  • Les copies au format PDF

Les copies manuscrites (cas général)

C’est le mode de restitution le plus simple à mettre en œuvre de manière traditionnelle en classe : donc pas de souci !
Ensuite, il faut utiliser un outil qui va permettre à la fois : de produire un QRcode, d’enregistrer la rétroaction orale, et de donner accès à l’élève à celle-ci. Heureusement, un collègue (immense merci à Laurent Abbal) a mis en place un outil en ligne qui permet cela : Mon-oral.net

  • Un compte enseignant à créer, pas de compte à créer pour les élèves, pas de logiciel à installer.
  • Multiplateforme : Windows, MacOS, Linux, smartphones ou tablettes (iOS ou Android)… Un navigateur web suffit.

Le mode d’emploi est assez simple : une fois la copie évaluée par l’enseignant, il suffit de coller sur la copie le QRcode, produit par l’application, et d’enregistrer le commentaire oral du travail réalisé. Et c’est tout !

1. Une fois connecté, avec son compte enseignant, créer un commentaire et générer des QRcodes (image 1) ;

2. Ensuite, après avoir nommé votre dossier, dans notre cas « Evaluation DS Roman 2I 20230207 », vous avez une liste correspondant au nombre de QRcode généré avec 2 cas : : soit vous avez enregistré votre appréciation ou c’est encore à faire (icone avec le micro sur fond vert)

RQ : Evidemment les fichiers générés portent un code qui correspond au QRcode collé sur la copie de l’élève.

3. Reste enfin à rendre leurs copies aux élèves et ceux-ci scannent le QRcode pour écouter votre appréciations et vos remarques.

Pour aller plus loin :
Un tutoriel de Johann Nallet pour s’approprier toutes les possibilités de cet outil, originellement mis en place pour des épreuves orales.

Attention : le site évoluant régulièrement, l’interface peut avoir légèrement changé sur certaines pages.

 

Les « copies numériques » (tous formats de production)

il faut entendre par cette expression toute production numérique réalisée via une instrumentation numérique (fichiers de type texte, tableur, diaporama, mais aussi audio, vidéo voire avec un progiciel ou un logiciel disciplinaire). Là encore, l’ENT Eclat-BFC est notre allié si la production n’est pas trop lourde (poids du fichier) ; ce qui est le cas avec les exigences liées aux productions demandées dans le cadre de l’enseignement du français au lycée.
A noter qu’en cas de fichier lourd, il est possible d’utiliser FileSender accessible par le portail national Apps.education.fr.

1. Une fois le « travail avec remise » distribué, les élèves déposent leurs productions à l’aide d’un fichier numérique joint.

2. Puis, l’enseignant sélectionne l’élève qu’il veut évaluer oralement, et dans la partie de droite de l’écran (en bas), et clique sur le player pour lancer l’enregistrement de son commentaire.

Evidemment, un micro est nécessaire ! celui d’un smartphone convient tout à fait, mais il est possible via un ordinateur et un micro d’effectuer la même tâche.
A noter que, si vous vous lancez dans ce type de rétroaction, l’achat de casque-micro USB par votre établissement permet d’utiliser aisément n’importe quel type de machine (ancienne ou pas).

 

 

 

Les copies au format PDF

Cette solution est facile à mettre en œuvre et respecte le cadre du RGPD, elle nécessite seulement de s’approprier les outils mis à la disposition des enseignants.

  1. D’abord, j’ai évalué traditionnellement les copies manuscrites des élèves, données en devoir surveillé.
  2. Puis, les élèves ayant mal compris et mal appliqués la consigne de mise en œuvre de rédaction d’un paragraphe argumenté, j’ai fait une reprise collective magistrale pendant laquelle, ils devaient prendre des notes et poser des questions.
  3. Ensuite, ils ont repris la dernière question, ont réécrit leur réponse dans un traitement de texte, dans notre cas LibreOffice Writer (en s’aidant de correcteurs orthographique et grammatical pour améliorer l’expression).
    A noter : On peut passer à cette étape directement en demandant aux élèves, lors d’un travail à la maison voire en salle informatique, de produire un devoir directement via le traitement de texte et l’export en PDF.
  4. Enfin, ils ont généré un fichier PDF qu’ils ont ensuite déposé en pièce jointe, via le module « travail à faire » du cahier de texte sur l’ENT Eclat-BFC.

Concrètement, nous avons donc eu besoin de :

  1. Donner « un travail à faire » avec restitution d’une pièce jointe (au format PDF) via le module du même nom du cahier de texte de l’ENT Eclat-BFC.
  2. Ouvrir et commenter oralement les copies avec le logiciel Acrobat Reader DC et utiliser un micro.
  3. Restituer le fichier PDF commenté à chaque élève via le module « travail à faire » du cahier de texte.

Du côté de l’enseignant, le fait de pouvoir en dire plus qu’à l’écrit et de manière plus rapide est un avantage indéniable : cela augmente les possibilités de reformulation et permet de s’adresser directement à l’élève. >> En savoir plus sur la rétroaction multitype.

Du côté de l’élève,  l’apprentissage est plus actif et il s’engage cognitivement dans l’évaluation et peut en tirer profit tant en termes de compréhension que d’amélioration de la note.

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