Projet TED-i : l’inclusion des enfants empêchés au sein des classes

par | Jan 16, 2023

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Issu de la Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, et de la circulaire du 03 août 2020, le dispositif vise à atténuer les conséquences de la rupture avec l’environnement scolaire ou de formation du jeune isolé et à faciliter son retour en classe tant pour les apprentissages, que pour la poursuite d’une inclusion et d’une sociabilisation réelles. Cet article a pour objectif de permettre une meilleure compréhension des projets d’accompagnement TED-i et de leur mise en œuvre au sein des classes.

Le projet TED-i propose des systèmes de téléprésence robotisés (Robot) destinés aux jeunes scolaires empêchés par des maladies graves et de longue durée. Au service d’une École inclusive, le programme TED-i est déployé sur l’ensemble des territoires académiques jusqu’à fin 2022, soit au total 4 000 systèmes de téléprésence robotisés.

Ce programme fera l’objet d’une évaluation, par l’Université de Pau et Pays de l’Adour, de sa mise en œuvre et de l’impact éducatif attendu.

Explications techniques et déploiement au sein de l’académie BFC

Les systèmes de téléprésence robotisés permettent d’atténuer les conséquences des ruptures et de l’isolement des jeunes empêchés en leur offrant la possibilité d’assister en temps réel à des séances de classe, de participer à des activités, et d’interagir avec le collectif. Au-delà même de la démarche d’apprentissage, parfois rendue difficile par les situations médicales des élèves, ce projet permet de maintenir les liens de socialisation indispensables à l’élève durant sa période d’absence et favorise le retour en classe dès que possible. 3 types de d’équipements robotiques connectés à un réseau sécurisé (WIFI ou 4G) coexistent : (BUDDY normalement prévu pour les élèves du 1er degré, BEAM et EDMO pour le premier et second degré).

LA DRNE de BFC dispose d’un panel de 104 robots qu’elle déploie au fil des besoins dans l’ensemble des établissements de la région académique depuis la rentrée 2021.

Néanmoins, les expériences réalisées en BFC ont montré que les robots « BEAM » étaient plus faciles d’utilisation et permettaient un déploiement de l’accompagnement robotisé plus efficient. De ce fait, la majorité des accompagnements réalisés en BFC le sont avec les robots « BEAM ».

En moyenne, 50 robots sont installés (en continu) dans les structures d’enseignement pour des délais allant de 1 à 10 mois. L’accompagnement via le projet TED-i a permis à une soixantaine élèves d’être soutenus et accompagnés depuis sa mise en place.

Les élèves empêchés, accompagnés par la DRNE depuis 2021 dans le cadre de ce dispositif, étaient en situation de longue maladie, accidentés de la route, en rééducation ou encore en arrêt maternité. Ils étaient empêchés à domicile, à l’hôpital, dans des centres de convalescence ou de rééducation hors région. Certains ont dû changer de lieux durant le déploiement du dispositif, entrainant une réadaptation du projet en lien avec l’ensemble des acteurs.

Le principe du système de téléprésence robotisé est d’installer en classe un « robot » qui vient rappeler, par sa présence physique, l’existence et la place de l’enfant empêché. Piloté à distance par l’enfant lui-même, via une interface connectée (le plus souvent un ordinateur portable), le « robot » diffuse sur son écran l’image de l’enfant (s’il le souhaite), retransmet sa voix et permet à l’enfant de voir et d’écouter ce qui se passe en classe. Le système de téléprésence robotisé « remplace » ainsi temporairement l’élève dans la classe et sert d’interface de communication mobile entre l’élève empêché et le groupe classe (enfants/enseignant). Il est mis à disposition gratuitement de l’élève, de sa famille et de l’établissement scolaire par la DRNE.

2 articles successifs vont vous plonger au cœur de l’accompagnement TED-i.

Le présent article vous présentera la construction d’un projet d’accompagnement TED-i, et le second évoquera quotidien d’un élève et d’une classe avec un système de téléprésence BEAM.

Outre l’aspect technique et organisationnel des projets, ces 2 articles vont vous présenter les regards croisés d’une jeune élève empêchée, scolarisée dans un collège en classe de 3ème, de sa maman, d’un de ses professeurs, du principal adjoint et des élèves accompagnateurs, tous impliqués dans un accompagnement TED-i.

Construire un projet d’accompagnement TED-i

Lorsqu’un élève du primaire à l’enseignement supérieur, est atteint par une maladie somatique grave et de longue durée (pour une période minimale de 2 semaines consécutives ou de 3 semaines discontinues) ne peuvent se rendre en classe, le dispositif « Accompagnement Pédagogique A Domicile à l’Hôpital ou à l’École » (APADHE)[1]  est mobilisé.

Toute personne concernée par la scolarité et la santé de l’élève (famille, directeur d’école, etc.) peut saisir l’IA-DASEN par l’intermédiaire de l’enseignant coordonnateur de l’APADHE. Cet accompagnement prend souvent la forme d’une scolarisation via le CNED avec ou sans l’intervention à domicile d’un enseignant.

Le projet TED-i vient en complémentarité ou à la place de l’accompagnement CNED et permet la mise à disposition des systèmes de téléprésence robotisés

La construction d’un projet d’accompagnement et son déploiement répond à un processus formalisé.

Étapes de la construction du projet d’accompagnement et du déploiement

Focus sur l’utilisation d’un robot : L’accompagnement de Chloé 

Chloé est scolarisée en 3ème dans un collège de Bourgogne. Suite à une hospitalisation d’un mois, elle poursuit ses soins à son domicile durant de nombreuses semaines, ce qui l’empêche d’être scolarisée normalement.

En janvier 2022, le SAPAD lui propose, outre des enseignements à domicile, de bénéficier du projet TED-i. Nous rencontrons Chloé, sa famille et ses enseignants en juin 2022, après environ 5 mois d’utilisation du robot de téléprésence.

Regards croisés des acteurs : Qu’attendiez-vous de l’accompagnement TED-i lorsque vous l’avez sollicité ?

Équipe soignante : L’utilisation d’un robot de téléprésence prend tout son sens en milieu hospitalier et notamment dans les services d’Hémato Oncologie Pédiatrique dans lesquels certains patients sont accueillis en chambre stérile et où la sensation d’isolement est davantage ressentie.

Chloé : Quand on m’a proposé le robot, j’ai tout de suite trouvé cela bien, car j’aime aller au collège et le robot me permettait de suivre les cours.

La maman : C’est le CHU qui nous a parlé des robots. J’ai pensé que cela serait bien pour Chloé car elle n’a pas la possibilité de participer au cours et je sais que cela lui manque.

Regards croisés des acteurs :  La construction du projet d’accompagnement TED-i vous a-t-il semblé longue et compliquée ?

 

Le principal Adjoint : Au départ, le principe des robots de télé-enseignement, on ne le connaissait pas particulièrement, donc ce sont les services de l’académie qui nous ont contacté pour nous proposer cela pour Chloé. J’ai proposé à l’équipe d’enseignants qui accompagne Chloé de bénéficier d’une information technique. […]. Sur cette base-là, j’ai eu 4 enseignants volontaires qui ont accepté d’accueillir le robot à raison de 2 à 3 h par jour sur la semaine, en complément d’un enseignement à domicile par des enseignants du collège en langue vivante.

 

Chloé : C’est allé vite, en fait. On nous en a parlé et environ 15 jours après la DRNE a donné à maman un ordinateur et un robot au collège.

 

La maman : La construction du projet a été rapide. Je n’ai eu à signer qu’un document. Tout a été géré par le CHU et la DRNE. Le robot a été amené au collège. J’ai eu un rendez-vous avec le collège et l’agent de la DRNE qui m’a montré le fonctionnement du robot en classe et m’a expliqué ce que Cholé allait devoir et pouvoir faire. Cela m’a paru simple.

L’installation

L’étude de faisabilité porte sur l’aspect matériel et technique du déploiement : Existence et adaptation du réseau Wifi (mobilisation de la collectivité territoriale), du stockage et de chargement, de déplacements envisageables et obstacles potentiels, etc.

Cette étude porte aussi sur la mobilisation et la réflexion de l’équipe pédagogique et des élèves de la classe pour la réussite du projet d’accompagnement. Outre les aspects techniques, les leviers de réussite d’un déploiement s’articulent autour :

  • d’une bonne articulation SAPAD/Hôpital et DRNE ;
  • de la motivation des équipes enseignantes pour favoriser la mise en œuvre du projet, car il nécessite des réunions de travail au sein de l’établissement pour démystifier l’objet connecté et facilité son acceptation en classe.

Regards croisés des acteurs : Est-il compliqué de préparer l’arrivée du robot en classe ?

 

L’enseignante : Il n’y a pas eu d’accueil du robot comme il pourrait y avoir un accueil d’élève. Le jour où Chloé est arrivée derrière le robot, c’était comme si c’était Chloé qui arrivait. Il y a eu des petits réglages au début, mais on essaie de l’insérer dans la classe comme si c’était elle.
Les élèves référents : On a fait comme si c’était Chloé en vraie personne. On n’a pas envie qu’elle se sente mal à l’aise.  On a un emploi du temps. Donc on va chercher Chloé [le robot] dans le bureau et en fin de cours, on la ramène.

L’installation matérielle, notamment en salle de classe, nécessite la présence du « facilitateur » de la DRNE car il convient de définir les places les plus adaptées pour le robot. Afin que la jeune empêchée ait de chez elle la meilleure vue possible de la classe ou du tableau, il faut repérer, par des marquages au sol, le positionnement de l’appareil. De même, la visualisation du tableau peut s’avérer compliquée en raison de reflets indésirables (surtout sur les tableaux blancs). Il est alors important de trouver des solutions d’ajustement et de travailler en amont des cours sur la transmission des supports de cours, via l’ENT par exemple.

Une fois ces repérages réalisés, la jeune empêchée peut, de son lieu de séjour, déplacer le robot (en dehors des EDMO) pour suivre la classe ou visualiser ce qu’il souhaite. Cependant, il reste nécessaire que certaines manipulations des robots (exemple :  allumage, changement de classe au 2d degré ou retour sur la base de chargement) soient réalisées par des personnes physiquement présentes dans l’établissement (camarades de classe ou enseignants).

L’accompagnement :

Au-delà de l’installation technique des différents terminaux du robot, il est nécessaire d’accompagner chacun des acteurs à l’utilisation de l’outil. Chacun de ces accompagnements est réalisé par l’agent « facilitateur » de la DRNE sur ½ journée environ. Bien que des guides aient été conçus pour soutenir les usages, il est parfois nécessaire que le « facilitateur » de la DRNE revienne sur site pour compléter l’accompagnement et réalise un suivi personnalisé à distance.

Conclusion

En une dizaine de jours, le projet d’accompagnement TED-i peut être construit et conduire à la mise en place d’un robot. La coordination des différents partenaires et la motivation de chacun sont les meilleurs atouts pour la réussite d’un tel projet.  Mais après l’initiation, les apports des robots sont-ils à la hauteur des attentes de chacun ?

À suivre…

Projet TED-I : l’inclusion des enfants empêchés au sein des classes – l’utilisation au quotidien dans le 2d degré

[1] Les dispositifs« APADHE » sont mis en œuvre dans chaque département sous l’autorité de l’Inspecteur d’académie (IA-DASEN). Créés par la cirulaire du 30 Aout 2020, ils sont géré en territoire par les « SAPAD».

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