Travailler la mémorisation active avec des flashcards

par | Fév 28, 2024

« Avec un nombre considérable de répétitions, il est bien plus avantageux de les répartir de manière appropriée sur une période de temps plutôt que de les regrouper en une seule session ». Cette phrase est le résultat d’études pionnières du psychologue Hermann Ebbinghaus (1850-1909), effectuées il y a plus d’un siècle.
Les cartes de mémorisation, en encourageant d’une part le principe de répétition espacée, et de l’autre part le rappel actif de l’information que l’on veut mémoriser, tentent d’appliquer le principe de « la courbe d’oubli ».

En d’autres termes, diviser l’apprentissage d’une information en périodes répétées et espacées dans le temps mène à une plus grande rétention de cette information sur le long terme. Et pourtant, les méthodes de révision qui sont privilégiées par les étudiants (surligner, relire plusieurs fois un cours la veille de l’examen) sont toujours très usitées malgré leur faible efficacité pour un apprentissage sur le long-terme.
À noter : Elles ne contiennent que des informations courtes, c’est une bonne technique pour apprendre par cœur divers concepts et faciliter le processus d’apprentissage.

Cognitivement, les cartes de mémorisation, à quoi ça sert ?

« Flashcard » : mot anglais formé par procédé d’agglutination, composé de « flash » qui veut dire éclair et « card » qui signifie carte. Il y a deux côtés avec 2 informations avec une idée par carte : on formule la question à retenir au recto et au verso la réponse à la question (question et réponse peuvent prendre différentes formes : images, sons, chiffres, définitions…).

 

En classe, l’enseignant peut encourager ses élèves à utiliser des flashcards pour se tester par binôme en cours d’apprentissage, voire organiser périodiquement des évaluations individuelles permet d’instaurer un rituel qui ancre l’habitude d’apprendre les définitions du cours.

Tout d’abord, une flashcard ne fait référence qu’à une seule notion : elle est concise et centrée sur l’information à mémoriser. Elle est en revanche complémentaire à tes fiches de révisions, qui elles sont plus détaillées et font référence à plusieurs notions d’un même chapitre par exemple.

Dans une forêt, plus on emprunte un chemin, plus celui-ci, progressivement, s’éclaircit. Plus le déplacement est facile.
De même, dans notre cerveau, plus des neurones s’activent et se connectent ensemble, plus la connexion (et donc l’apprentissage) se renforce. Elle devient rapide et sûre.

Revenons sur l’effet test avec une courte interview de Franck Ramus afin de recueillir quelques conseils pour une mise en pratique en classe.

 

Quid des pratiques pédagogiques ?

Dans le but de consolider les traces mnésiques, le test représente une excellente opportunité pour une mémorisation active. Il se décline sous différentes formes : auto-interrogation, multi-évaluations, logiciel de mémorisation.
Il permet de réaliser qu’une simple lecture de cours ne permet pas de mémorisation solide et expose au risque de subir l’effet Dunning-Kruger.

Ces usages sont fondés sur les principes de la mémorisation active et de la répétition espacée. L’efficacité de ces modes de travail issus des apports des sciences cognitives est maintenant communément admise. Il est démontré que la réactivation régulière des connaissances en se questionnant, plutôt qu’en relisant uniquement son cours, favorise la mémorisation sur le long terme.

« La forme la plus connue du testing est l’évaluation sommative. Elle permet d’évaluer la qualité et la quantité du savoir. Aujourd’hui, le testing va au-delà de la simple évaluation mais fait référence à toutes pratiques de remémoration. On sait à l’aide des éléments exposés préalablement, que la remémoration pour être optimale doit être répétée de manière espacée. Ces deux conditions sont particulièrement importantes parce qu’elles permettent d’éviter que le testing ne devienne une répétition par cœur mais qu’il s’agisse plutôt de véritable effort cognitif. »
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03775591/document (p. 30)

L’objectif peut alors être double :

  • Améliorer l’acquisition des connaissances et leur mobilisation à moyen/long terme
  • Travailler sur les méthodes d’apprentissage pour renforcer la motivation, voire limiter le découragement

Atouts de flashcards numériques

  • S’entraîner depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone
  • Travailler/mémoriser en mobilité sur des temps courts
  • Intégrer des éléments multimédias (images, audio)
  • Créer ou faire créer des cartes aux élèves sans coût financier
  • Mutualiser des cartes de mémorisation avec des collègues

 

Exemples

Quelques outils numériques pour se lancer

Il est possible d’utiliser un outil numérique comme l’exerciseur H5P pour réaliser des flashcards. Cet outil est disponible dans l’ENt Eclat-BFC via l’outil « Classeur pédagogique » (pour une autoformation des élèves, l’enseignant n’a pas de retour sur les essais de ses élèves) et aussi dans l’outil Moodle intégré lui aussi dans l’ENT académique des collèges et des lycées (pour des évaluations formatives avec retour à l’enseignant). Pour utiliser cet exerciseur, il s’agit de créer une activité « Cartes question ».

Digiflashcards
Cet outil est un service web libre qui ne demande aucune inscription (pensez bien à noter le nom que vous aurez donné à votre série ainsi que la réponse à la question secrète ou bien à enregistrer le lien dans un document que vous garderez).
La création des cartes mémos est très facile : il suffit d’entrer un mot dans une case puis sa définition dans la case à côté. Le test se fait ensuite en cliquant sur le point d’interrogation en trois temps.

A NOTER : Cet outil est très facile à prendre en mains mais ne gère pas, comme Anki, la récurrence du rappel et l’individualisation de la révision.

Anki
C’est est un logiciel libre, décliné en applications et services, qui permet de créer des flashcards avec textes, images, vidéos, sons et notations scientifiques. Le logiciel propose des statistiques via des histogrammes afin d’évaluer les progrès. Il existe aussi une application mobile.
L’apprentissage avec Anki repose sur deux concepts :

  • la révision active, consiste à essayer de se rappeler la réponse à une question posée ;
  • le système de répétitions espacées, permet à l’utilisateur de réviser plus souvent les cartes les moins connues et moins souvent les cartes déjà sues.

A NOTER : Le site est en anglais mais le logiciel s’installe en français. Anki vous permet de créer des flashcards et de les ranger par paquets, il est aussi possible d’en récupérer d’autres utilisateurs et de partager les vôtres avec d’autres utilisateurs.
=> En savoir plus : lisez cet article sur le site de la DRNE

 

Quizlet
C’est un service web qui propose un outil d’apprentissage pour aider les élèves à se préparer à leurs évaluations. Il existe aussi une application mobile.

Les questions peuvent toujours apparaître dans le même ordre ou bien de manière aléatoire.
De plus, différentes activités sont proposées telles que « Ecrire » (on voit une image et il faut taper la réponse), « Dictée » (on écrit ce qu’on entend), « Associer » (exercice d’appariement), « Test » (le système génère des questions de différents types). Les modes « Apprendre » et « Test » vous aident particulièrement à mémoriser tout ce que vous devez savoir et apprendre par cœur.

Wooflash
Le principe de Wooflash est de permettre à l’élève de réviser de manière active son cours. Il permet de créer des cartes mémos (flashcards) mais aussi des images à légender, des QCM, des exercices d’associations ou de classement etc. Il comporte également un éditeur d’équation.
Dans cette application un générateur de quiz reposant sur l’intelligence artificielle est en cours de développement et est déjà exploitable. Dans cet article, le site de SVT de l’académie de Versailles propose un retour d’expérience détaillé de l’utilisation de cet outil en classe.A NOTER : il est possible de le mettre en place dans l’ENT Eclat-BFC, depuis le GAR, si vous êtes enseignant dans le Doubs grâce aux accords du TNE25 (voir « J’accède à une ressource numérique »).

Utiliser une IA pour générer vos flashcards

Quizlet et Wooflash proposent des services de création de flashcards assistée par des intelligences artificielles.

Mais vous pouvez aussi en réaliser, sans ces outils, en vous appuyant sur des AI génératives conversationnelles comme Perplexity (en accès gratuit et sans compte), et créer vos flashcards par un import dans Digiflashcards (accès gratuit et sans compte également grâce au travail d’Emile Zimmert, n’hésitez pas à le remercier) :

    1. Formulez votre requête.
      ex : Peux-tu générer une série de 30 flashcards sur la littérature française au XVIè siècle et sur ses spécificités littéraires avec une question et une réponse ?
    2. Demandez une « sortie » au format CSV.
      ex : Peux-tu transformer ces éléments au format CSV ?
    3. Copiez-collez ce texte généré dans un éditeur de texte (comme le Bloc-notes de Windows) et enregistrer le fichier au format .CSV.
    4. Ouvrez ce fichier .CSV avec un tableur (comme LibreOffice calc) ; vous devez avoir 2 colonnes (questions/réponses), choisissez les 20 plus pertinentes selon vos critères.
    5. Téléchargez le modèle de digiflascards (digiflashcards_template.csv), ouvrez-le avec un tableur, puis copier-coller les éléments dans les bonnes colonnes (colonne « recto_texte » pour les questions et « verso_texte » pour les réponses).
    6. Ouvrez un nouveau jeu de Flashcards sur le site, puis importez votre modèle modifié.
      Résultat : https://ladigitale.dev/digiflashcards/#/f/65dc423aa4850?vue=apprenant

Et voilà, le tour est joué en moins de 1 minute !

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