Des rétroactions orales pour aider les élèves dans leurs apprentissages

par | Déc 6, 2021

La rétroaction vient du mot anglais « feedback » qui, dans son sens littéral, signifie « nourrir en retour ». Donner une rétroaction à un élève, c’est lui communiquer une information qui l’aide à s’améliorer dans l’accomplissement de la tâche demandée et lui indiquer ce qu’il pourrait faire pour progresser.
La rétroaction est une constituante importante de l’évaluation formative qui permet à l’élève de s’ajuster afin d’atteindre la compétence visée.

Une rétroaction peut être donnée à l’élève de façon immédiate ou différée :

  • Immédiate : elle est plus efficace lorsque le contenu d’apprentissage est nouveau pour l’élève ou lorsque ce dernier a de la difficulté avec le contenu.
  • Différée : elle favorise le transfert des connaissances.

Il existe plusieurs types de rétroactions :

  • La rétroaction de base consiste à indiquer à l’élève si la réponse qu’il a donnée est correcte ou incorrecte (et à lui donner la bonne réponse). Il est également approprié de fournir à l’élève un exemple à suivre ainsi qu’une situation dans laquelle il peut réinvestir l’objet de la rétroaction.
  • La rétroaction instructive indique à l’élève quel élément il a besoin de travailler pour améliorer sa performance, par exemple, en lui fournissant une stratégie pour le faire.
  • La rétroaction d’entrainement pousse l’élève à réfléchir à une façon d’améliorer sa performance sans lui montrer explicitement quoi faire, et ce, en utilisant le questionnement stratégique. Ce type de rétroaction est de mise auprès d’élèves qui possèdent déjà une bonne connaissance de l’objet d’apprentissage.

Les recherches montrent que la rétroaction est une stratégie efficace pour favoriser la réussite scolaire des élèves. Selon la méta-analyse de John Hattie, Visible Learning, la rétroaction régulière est un des facteurs les plus influents sur la réussite de l’élève.

 

Depuis quelques années, je porte une attention très particulière en classe à la prise en compte des remarques et conseils portés sur les travaux écrits (devoirs surveillés ou autres productions). De fait, les bons élèves se les approprient et progressent, car les appréciations sont aidantes et les travaux bien réussis, tandis que les élèves en difficultés sont tellement mécontents de leurs résultats qu’ils ne les lisent pas, n’entrent pas dans une démarche d’appropriation et ne progressent pas vraiment.
C’est pourquoi je me suis engagé dans une démarche de rétroaction instructive différée qui cherche à développer des conseils personnalisés et développés via des commentaires oraux.
De plus, l’analyse des travaux de recherche a révélé que les élèves étaient trois fois plus susceptibles de mettre en œuvre des conseils pour lesquels des commentaires audio étaient fournis que ce n’était le cas pour un contenu seulement textuel. La voix apparaît donc comme un levier efficace pour impliquer les élèves dans un travail formatif de retour sur leurs productions.

En effet, l’utilisation d’un commentaire audio pour corriger une copie a une certaine forme d’efficacité ; ils sont :

  • perçus comme plus efficaces qu’un commentaire écrit dans la nuance du propos ;
  • associés à un sentiment plus grand d’implication dans les interactions pédagogiques ;
  • associés à une plus grande rétention du contenu du message ;
  • associés à l’idée que le correcteur se soucie davantage de l’élève.

Le type de rétroaction et la modalité temporelle ayant été déterminés, je me suis questionné sur quels types de contenus des rétroactions je devais mettre en œuvre :

  • Contenu de type cognitif : Il donne des suggestions pour corriger les erreurs conceptuelles, apporte des précisions, développe des arguments, souligne la justesse des propos ou la nuance. La rétroaction porte très fréquemment sur ce type de contenu et est généralement associée à la note attribuée.
  • Contenu de type méthodologique : Cet aspect concerne les façons de faire, les méthodes de travail utilisées pour accomplir la tâche, la situation d’apprentissage ou le travail à remettre.
  • Contenu de type métacognitif : Ce type de rétroaction porte sur les différentes stratégies mises en place afin de réaliser la tâche à accomplir, ainsi que sur la capacité de l’apprenant à s’auto-évaluer.
  • Contenu de type affectif : Tout d’abord, il faut noter que c’est non négligeable chez l’apprenant qui n’est jamais insensible à ce que l’on pense de son travail. Il est donc important d’accorder une attention particulière aux termes et au ton de la rétro-action; on doit rester dans le positif et dans les suggestions constructives.

Merci à Jacques Rodet, (2004). La rétroaction, support d’apprentissage ?

J’ai donc décidé de mettre en place une rétroaction orale dès le premier devoir bilan de séquence de l’année principalement, avec des retours cognitifs (en plus c’était noté !) et méthodologiques. J’ai aussi essayé d’être bienveillant (retour affectif) tout en étant très direct dans les commentaires et en mettant davantage en avant les réussites que les erreurs, sans les omettre pour autant.
La rétroaction a consisté à produire un fichier audio accessible associé au travail de chaque élève ; l’idéal est de pouvoir le  produire avec un minimum de contraintes techniques et avec une accessibilité fluide et aisée pour l’élève afin de ne pas rendre le travail d’évaluation chronophage pour l’enseignant.

La plupart des copies sont des productions papiers traditionnelles, mais on peut aussi demander aux élèves de produire des devoirs ou travaux écrits via des fichiers numériques textuels. J’utilise assez fréquemment cette seconde solution pour permettre aux élèves d’avoir toujours un document propre et de travailler ainsi l’idée de brouillon, mais aussi de pouvoir être assisté d’un correcteur orthographique et surtout grammaticale.

Pour les copies papier, j’ai choisi l’outil Qwiqr pour sa facilité de mise en œuvre et surtout à cause de l’appropriation via un Qrcode accessible depuis les smartphones des élèves, donc ne nécessitant pas de matériel spécifique. Pour chaque élève, vous allez pouvoir enregistrer votre commentaire audio comme si vous aviez l’élève devant vous. Il pourra ensuite, grâce au Qrcode collé sur sa copie, accéder à ce commentaire audio pour l’écouter à sa guise, faire des pauses, le réécouter.

À noter qu’on pourrait imaginer de mettre en place des rétroactions entre pairs, à condition de les accompagner d’une grille pour les aider à faire des constats, mais aussi à proposer des solutions pour s’améliorer.
Dans ce cas, il faudra se questionner sur l’outil à mettre en œuvre, car
Qwiqr nécessite d’installer une application sur son smartphone et le module de correction audio des travaux déposés sur l’ENT ÉCLAT-BFC n’est pas accessible aux élèves. Peut-être faudra-t-il alors se tourner vers des solutions moins ergonomiques et intégrées comme des enregistrements sur des ordinateurs via des logiciels libres comme Audacity avec un dépôt de fichier dans l’espace de la classe sur le réseau pédagogique.
On pourra aussi s’appuyer sur les possibilités des smartphones des élèves, à condition d’avoir vérifié qu’ils sont ensuite capables de déposer le fichier audio produit dans l’espace de la classe sur l’ENT. On peut aussi s’appuyer sur des outils sur le web comme le labo de langues du Livre scolaire ou Vocaroo qui permettent d’exporter l’enregistrement au format MP3 ou de communiquer le résultat via un hyperlien.

Mode d’emploi rapide :
Qwiqr est en anglais, mais la prise en main est vraiment très simple.
Le service est gratuit pour la plupart des fonctions, et payant pour des fonctions plus avancées.

Pour des copies numériques, je me suis servi du module de travail à faire (avec remise de fichiers) de l’ENT ÉCLAT-BFC, puis j’ai procédé à des restitutions orales comme exposé sur l’image ci-dessous.

On pourrait également demander aux élèves de rendre des copies au format PDF via le travail à faire (avec remise de fichiers) et d’annoter oralement directement grâce au logiciel gratuit Acrobat Reader DC. Vous en saurez plus en consultant un autre article du blog.

Avantages :

  • Permet des commentaires plus complets que les marques et annotations usuelles écrites.
  • Évite la surabondance de commentaires sur les copies papier qui bloque les élèves en difficultés, surtout si ceux-ci mettent en avant des carences ou des lacunes.
  • Offre une rétroaction à dimension plus humaine, un suivi plus personnalisé.

Inconvénients :

  • Ne fait pas gagner pas du temps, ou très rarement.
  • Nécessite un espace de travail silencieux et individuel pour produire ces commentaires oraux.

Pour conclure, une rétroaction orale doit s’associer à une mise en activité et non un simple constat, afin d’engager des changements. Il faut donc accepter de mobiliser du temps dans un retour individuel puis collectif afin de fournir un mode d’emploi pour les productions à venir. Il faut noter que les élèves ont apprécié ce temps de travail, d’autant plus qu’il était associé à une possibilité de reprise immédiate d’une question qui était re-évalué avec une possibilité d’améliorer sa note.

En savoir plus :

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