Pratiques musicales et outils numériques

par | Juin 29, 2022

L’utilisation des outils numériques peut être un atout précieux pour les enseignants en éducation musicale aussi bien en collège qu’en lycée. Que cela soit pour communiquer, s’entraîner, s’enregistrer, mémoriser, progresser ou créer.

Durant le confinement, j’ai dû, comme bon nombre d’entre nous, repenser mes cours, mes modes de travail et créer des « devoirs maison » en utilisant les outils à disposition.

Aujourd’hui, avec le recul, j’utilise toujours ces outils et ils ont pu, dans une certaine mesure, me permettre de repenser certains pans de ma pédagogie.

Analyse

Durant le confinement, j’ai pu utiliser un logiciel d’analyse gratuit et mettre en ligne, soit via peertube soit en vidéo « non répertoriée » sur YouTube, des analyses pour les élèves. Aujourd’hui, nous utilisons cet outil en cours : une audition avec projection et suivi de partition ou code en cours. Et annotation par le professeur des éléments repérés par les élèves.

Les partitions sont aisément trouvables sur le net en PDF et la musique correspondante est également à entrer dans le logiciel. Après quelques petits réglages, vous n’avez plus qu’à les annoter avec une multitude d’outils de notation possible. Un curseur peut permettre le défilement, l’ajout de couleur, etc.

Il est même possible (avec un logiciel de montage vidéo, mais cela demande plus de travail, de temps et d’appropriation) de mettre la vidéo correspondante à côté du suivi de partition

La vidéo-multi-screens

La vidéo en multi-screens m’a permis de montrer aux élèves la construction d’un projet musical, mais également de faciliter l’apprentissage d’un chant ou d’un projet musical.

Aujourd’hui, la création de vidéo en écrans multiples (multi-screens) peut devenir le but d’un projet musical. Le fait de savoir que l’on élabore un chant, une création, un arrangement dans un but de restitution soignée sous forme de vidéo permet d’impliquer davantage les élèves. De plus, les élèves comprennent et éprouvent l’enregistrement multi-piste audio et la conception vidéo.

Un lien vers l’extérieur

Le fait de travailler avec le multi-screens peut permettre d’élaborer des projets et des partenariats avec l’extérieur et d’impliquer les élèves dans une dimension citoyenne : exemple :

  • Maison de retraite : créer des défis avec des partenaires et impliquer les élèves dans un parcours citoyen

« Faire du neuf avec du vieux » : au départ, je proposais aux élèves des chansons anciennes à reprendre en faisant un arrangement « moderne », un « cover ». Je vais tenter d’avoir des demandes de personnes des maisons de retraite alentours : une commande et une construction de projet musical pour une personne physique est un encouragement, une motivation supplémentaire. L’élève, les élèves (en groupe) sont impliqués et le retour des personnes âgées via une petite vidéo permet une communication inter-générationnelle, une implication dans le tissu local et une implication citoyenne. Cela peut enrichir le parcours citoyen de l’élève avec une expérience concrète.

  • Le projet peut être lancé également dans un hôpital ou un service pour enfants.

Les enfants malades pourront demander aux élèves (de lycée ou de collège) une reprise, ou leur donner des challenges. Les élèves doivent travailler en classe pour élaborer (résolution de problème et cas concret – lien avec un cours sur : le mécénat, la liberté de création, etc.). Ces situations concrètes génèrent spontanément un regain d’exigence chez les élèves. Elles permettent également de sensibiliser les autres élèves en mettant cette vidéo multi-screen sur le site du lycée ou du collège.

Des projets internationaux grâce au numérique

À l’instar de la ville de Marseille où l’on peut goûter à une balade sonore en temps réel à l’autre bout du monde avec « des Mondes au creux de l’oreille » (https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/reportage/balade-sonore-a-marseille-9297923) et du projet « les chemins de l’école », nous pourrions créer « les chemins de l’école » sonores. En effet, nous pouvons organiser le même style de balade avec des écoles, collèges ou lycées du bout du monde, chacun créant une bande sonore de son parcours pour aller à l’école le matin. Ainsi, les marquisiens pourront, par exemple, faire entendre les « trucks » et « les pirogues », les coqs et autres ukulélés. De leur côté, nos amis du Québec nord nous feront entendre leurs pas dans la neige et le son des motos neige, ceux de Laponie, les chiens de traineaux, etc.

Des podcasts pour analyser : « les chroniqueurs en herbe »

Il s’agit travailler sur les albums qui sortent dans le mois et les donner à chroniquer aux élèves de lycée. Ce format est transposable dans une version moins exigeante à un groupe d’élèves en collège.

On peut également en tirer une variante inter-degrés : ainsi, les élèves de lycée peuvent chroniquer un album en tentant de le faire apprécier à des élèves de collège. Le podcast peut être aisément envoyé à une classe de collège proche (ou lointaine d’ailleurs). Les élèves de collège peuvent, quant à eux, chroniquer un album pour des élèves de CM2 par exemple, en suivant le même principe.

La rétroaction est bien souvent encourageante et permet de progresser. Ces élèves peuvent avoir un retour sur leur chronique : est-ce que j’ai convaincu avec ma chronique ? Oui/non et surtout pourquoi ?

Objectif pédagogique :

  • Faire découvrir un nouvel univers sonore, apprivoiser l’enregistrement, le maniement de logiciels, le montage audio, mais également l’habitude d’entendre sa propre voix dans un casque.
  • Donner une visibilité du travail des élèves de lycée dans les collèges, ceux du collège dans le primaire et un sentiment de partager des connaissances, un travail.

 

Des podcasts pour créer et pour faire des recherches

Je suis Mozart, et je vais vous raconter mon enfance…

À vous de vous mettre à la place de…

Je suis un stradivarius, le fameux violon Soil joué par Itzak Perlman. À vous de faire vagabonder vos camarades à travers le monde en retraçant la naissance d’un instrument, le parcours du célèbre Stradivarius, de sa naissance dans les ateliers de Stradivari à Crémone jusqu’à sa vente aux enchères chez Sotheby’s en entendant le marteau du commissaire-priseur retentir pour sa dernière enchère par exemple…

Il est possible de se mettre en lien avec une école primaire des alentours et de créer ce podcast en direction des élèves. Une nouvelle fois, puisqu’il y a un but « incarné », l’implication des élèves s’en trouve renforcée. Idéale est la rétroaction avec ces élèves plus jeunes : organiser un retour, en image par exemple, sur la réaction des plus petits (et la boucle est bouclée).

Tu me dis, j’oublie
Tu m’enseignes, je me souviens
Tu m’impliques, j’apprends

Benjamin Franklin

Le projet « les pouvoirs de la musique »

(avec les élèves de HLP mais transposable en collège)

Les élèves de HLP (Histoire, Littérature, Philosophie) écrivent une plaidoirie sur un sujet de leur choix (les forces de l’ordre – les violences conjugales – le premier amour…). Les élèves de HLP sont enregistrés lors de leur plaidoirie puis les options musique découpent le texte et en retiennent les phrases « chocs », celles qui vont leur parler, les plus explicites. Puis, à l’aide des tablettes ou de logiciels sur PC, ils construisent une Mixtape. Ils peuvent pour cela utiliser des bruitages, des répliques de films, des phrases de discours célèbres, etc.

Ensuite, ils sont évalués en deux phases : tout d’abord, le professeur donne une « note technique » sur 10 points comprenant l’utilisation du logiciel, l’ajout d’effet, la construction musicale, l’utilisation de samples, etc. Dans un second temps, les élèves de HLP vont également donner une note sur 10 points en prenant en compte l’aspect artistique, le goût subjectif pour chacun, mais indissociable de toute création artistique.

But pédagogique :

  • la rétroaction du travail entre les deux créateurs : l’auteur (HLP) et le compositeur (option musique)
  • Transposable en collège : projet pluridisciplinaire lettres/langues pour l’auteur/musique pour le compositeur

Travail sur le slam : À partir du texte de Grand Corps Malade « Rencontres », les élèves de 4ème doivent écrire un texte qu’ils interprèteront devant leurs camarades. Ils composeront la musique à l’aide de tablettes numériques (boucles libres de droit incluses), de logiciel ou à partir de site de musique libre de droit qu’ils remixeront.

Document d’accompagnement 1 : fiche à distribuer aux élèves, travail de création : le slam

Document d’accompagnement 2 : exemples de création d’élèves de 4ème

L’année suivante, les élèves de troisième réitèrent le travail, mais en changeant de thème. Cette fois, ce sera la mémoire (travail sur la mémoire dans l’art) et sur la maladie d’Alzheimer.

Le travail de création : projet « parallel lines »

Pour assurer la promotion de son téléviseur écran 21/9 et du système ambilight, Philips s’associe en 2010 avec RSA, les studios de Ridlet Scott, en organisant un grand concours et en partant du principe que :

« Il y a des millions de façons de raconter une histoire, seulement une seule de la regarder. »

La marque a demandé à 5 réalisateurs de créer 5 courts métrages, chacun d’entre eux utilisant les mêmes mots, mais racontant pourtant des histoires totalement différentes.

  • Qu’est-ce que c’est ?
  • Une licorne
  • Je n’en n’avais jamais vu de si près
  • Va-t-en ! Va-t-en !
  • Je suis désolé

Objectif : Les élèves utilisent des sons issus de multiples sources pour créer une bande son narrative à l’aide : d’enregistreur numérique, de smartphone, tablettes, logiciels sur PC. Ils choisissent un lieu de leur ville (Champagnole) pour créer une banque de sons en utilisant les mêmes 5 phrases.

Consignes : sur le principe des « parallel lines » de Ridley Scott, l’élève créé une bande son (en excluant de fait la partie vidéo) et nous raconte une histoire audio en utilisant les phrases suivantes (choisies par les élèves).

  • Où est le colis ?
  • Regarde il arrive
  • l’attaque
  • mais que se passe-t-il ?
  • le PEV respire de nouveau.

 

Les parents sont ensuite invités à venir écouter le travail des élèves en tentant de retrouver le lieu d’enregistrement.

Dans cette expérience d’apprentissage, les élèves recueillent des sons à l’aide d’un zoom H4
Les sons additionnels viennent en grande partie du site www.universal-soundbank.com

Utilisation de l’ENT ÉCLAT-BFC vidéos interactives :

Applications et pistes de travail

Le matériel est simple, mais indispensable, pour un confort d’enseignement élèves/enseignant :

  • Des répartiteurs de casques en « Y » et des splitters (jusque’à 5 casques par splitter et même 10 casques en couplant 2 splitter avec un Y. Cela permet d’enregistrer la classe entière en 3 fois).
  • Des casques ou écouteurs (les élèves peuvent apporter les leurs).

Lors des périodes de confinement, les vidéos tutoriels ont été un bon moyen de fédérer et de garder la motivation des élèves. Une fois montées, les vidéos étaient mises en ligne via Peer-tube soit sur ÉCLAT-BFC, soit avec un lien sur Pronote, en fonction de mon établissement d’exercice.

Projet « Fais ton arrangement en MAO » (avec des logiciels ou applications gratuites) :

  • Live de Ableton (gratuit avec le programme ableton for the classroom),
  • Garageband sur Ipad
  • Walkband sur tablette Androïd
  • Ripper (PC et Mac)
  • Music Maker
  • Logimix (téléchargeable sur Ladigitale https://ladigitale.dev ) (PC et Mac)

Si vous souhaitez des renseignements sur les noms des logiciels utilisés, vous pouvez me contacter : david.raymond@ac-besancon.fr

Présentation d’applications testées et utilisées en cours :

  • Application « Voix » proposée par la Cité de la Voix (centre national d’art vocal) et élaborée par Romain Billard et Charlotte Leboucher. Voix s’adresse à tous ceux qui souhaitent travailler leur voix en complément de leur activité musicale régulière.
  • Final cut pro : m’a permis de monter les différents films en une seule vidéo en multi screens.
  • Garageband : permet d’enregistrer en multipistes
  • iAnalyse :
  • Peer tube : permet de stoker

Vidéos interactives via ÉCLAT-BFC :

  • Spotify studio
  • La quatre saisons n’est pas qu’une pizza
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